Programme d’action

Introduction

« A mon avis, le programme doit être aussi court et précis que possible. Peu importe si même il se trouve par hasard un mot étranger ou une phrase dont il est impossible, à première vue, de saisir toute la portée. Dans ce cas, la lecture orale dans les réunions, l'explication écrite dans la presse feront le nécessaire ; et alors la phrase courte et frappante, une fois comprise, se fixe dans la mémoire et devient un mot d'ordre, ce qui n'arrive jamais pour une explication plus longue… il ne faut pas sous-estimer les facultés intellectuelles et le degré de culture de nos ouvriers. Ils ont compris des choses beaucoup plus difficiles que celles que pourra leur présenter le programme et le plus court, le plus concis… » (Friedrich Engels, Critique du Projet de Programme d’Erfurt, 1891, in Marx & Engels, Programmes Socialistes, ed. Spartacus, p. 64-65)

Socialisme ou barbarie !

Le capitalisme a un mérite, celui d’avoir soudé l’humanité en une société mondiale. Il a accéléré le développement des forces productives de telle manière que, pour la première fois dans son histoire, l’humanité dispose des moyens de vivre à sans faim et sans misère. Les besoins culturels et sociaux pourraient être satisfaits et développés en harmonie avec la nature.

Néanmoins, dès le départ le capitalisme est aussi un système illimité d’exploitation, d’oppression et de destruction de la nature et de la culture. C’est un système de contradictions s’aiguisant continuellement et qui, depuis qu’il est un système mondial impérialiste, est devenu un frein sur le développement de l’humanité.

La course effrénée au profit et la concurrence exacerbée forcent la bourgeoisie à augmenter la productivité du travail au moyen de rationalisations et d’intensification du travail, ainsi que par la prolongation de la journée de travail de chaque individu, alors que ne cesse d’augmenter le chômage de masse. La persistance de celui-ci et la destruction des réseaux d’aide sociale sont utilisées comme des instruments pour appauvrir des parts grandissantes de la classe ouvrière, conduisant à baisser son niveau de vie, acquis suite à des longs combats. Même dans les métropoles impérialistes le capitalisme n’est plus en mesure de compenser par un niveau de vie relativement élevé l’hyperspécialisation et l’appauvrissement culturel de la classe ouvrière.

Une partie des excédents des matières et du capital des métropoles impérialistes est exportée dans le soi-disant Tiers Monde où elle chasse plus de personnes des secteurs traditionnels de l’économie qu’il n’y a d’emplois dans l’industrie moderne. Tandis que le capitalisme concentre des richesses de plus en plus grandes dans les mains de moins en moins de gens, de plus en plus de personnes, au niveau mondial, tombent dans une misère absolue. Depuis longtemps la capacité d’absorption de ces pays ne suffit plus pour absorber les excédents produits. C’est ainsi que le caractère cyclique du développement capitaliste redevient clairement visible. Le capital excédent aiguise la spéculation et la concentration des capitaux. L’impérialisme devient instable parce que les secteurs monopolistes du capital s’accroissent et que les sociétés capitalistes nationales s’appauvrissent toutes ensemble. De grandes crises politiques et sociales sont possibles à tout moment.

La lutte pour les matières premières et la nécessité d’empêcher l’émergence de nouveaux concurrents, ainsi que les contradictions inter-impérialistes, forcent les pouvoirs impérialistes, partiellement en commun et partiellement en concurrence ouverte ou cachée, à organiser le monde selon les nécessités des intérêts de capital monopolistique qu’ils représentent. Dans ce but, ils s’allient avec les bourgeoisies et les militaires du « Tiers Monde » qui protègent cet ordre. Ils mènent la guerre partout où la classe ouvrière et les autres classes opprimées résistent au capitalisme, partout où les intérêts impérialistes sont en danger. Une nouvelle guerre inter-impérialiste n’est pas à exclure à long terme.

L’existence continue du capitalisme a, en outre, mené l’humanité au bord de la catastrophe écologique. La priorité donnée aux intérêts individuels dans le capitalisme signifie l’exploitation abusive de la nature par principe et signifie en même temps l’incompatibilité du capitalisme avec un équilibre durable entre l’homme et la nature. Un mode de production, qui s’appuie sur l’utilisation accélérée des énergies fossiles, ne s’accommode pas seulement de la guerre pour s’assurer l’accès aux réserves naturelles limitées d’énergie. Ce mode de production menace aussi le climat et constitue un crime vis-à-vis des générations futures.

  • Pour un gouvernement ouvrier!
  • Pour le pouvoir des conseils !
  • Pour le communisme !

Seul le prolétariat, en tant que classe mondiale, a la possibilité de mettre fin aux conditions permettant l’exploitation et l’oppression, par la lutte pour sa propre libération et contre sa propre oppression. L’émancipation de la classe ouvrière est la première étape nécessaire dans la lutte pour l’émancipation de l’humanité.

La lutte pour l’abolition de la propriété privée des moyens de production et la socialisation de la production sont inséparablement liées à la lutte pour l’établissement du pouvoir politique de la classe ouvrière, pour l’établissement d’un gouvernement ouvrier et finalement pour l’établissement du pouvoir de la classe ouvrière organisée en conseils ouvriers. Les conseils sont la forme à maintes reprises découverte par la classe ouvrière elle-même. C’est la forme dans laquelle la classe ouvrière peut exercer de façon démocratique son pouvoir. Les travailleurs qui sont organisés en son sein forment l’association libre des producteurs libres. Au niveau institutionnel, seuls les conseils donnent la garantie que la société socialiste pourra être transformée, sans cassure, en une société sans classes, le communisme.

Un socialisme nouveau renouera avec les expériences positives et les acquis du soi-disant « socialisme réellement existant » aujourd’hui disparu, mais il tirera une ligne de démarcation nette avec ses traits bourgeois et antirévolutionnaires. Sur ce point il ne sera ni sa continuation logique ni sa continuation historique.

Pour un nouveau parti communiste international !

A chaque fois, le prolétariat est poussé sur le chemin de la lutte des classes par les conditions capitalistes. En même temps la classe ouvrière porte le sceau du système capitaliste, du boom de l’économie impérialiste d’après-guerre, des idéologies bourgeoisies et pré-bourgeoises, ainsi que d’expériences de luttes multiples et variées, parmi lesquelles enfin l’expérience des anciens Etats ouvriers bureaucratiquement déformés. C’est pour cette raison que la classe ouvrière n’a ni une conscience homogène, ni une compréhension commune des conditions du développement de la lutte des classes. Elle ne dispose pas non plus de concepts politiques homogènes. C’est seulement à travers une lutte nouvelle et par l’assimilation des nouvelles expériences qui en découlent que la classe ouvrière pourra réaliser son émancipation. C’est pour mener cette lutte d’émancipation que la classe ouvrière a besoin de son propre parti communiste international, qui fera avancer et qui organisera ce processus de développement.

La tâche de ce parti sera de participer aux luttes de la classe ouvrière, de représenter les intérêts généraux du mouvement ouvrier dans ses différentes luttes, d’approfondir et développer ces mouvements et d’organiser le parti communiste du prolétariat. Notre but est de coopérer à la naissance d’un tel parti.

C’est la raison pour laquelle nous voulons, en tant que premier pas sur cette voie, rassembler les marxistes qui s’orientent d’un point de vue de la lutte de classe en Allemagne.

Pour un programme d’action !

Dans ce but, nous proposons le programme d’action suivant. Il contient des mots d’ordre démocratiques et minimalistes ; mais surtout des mots d’ordre transitoires ainsi que quelques revendications maximalistes. La réalisation de ces revendications est dans l’intérêt de la classe ouvrière. La lutte pour ces mots d’ordre conduit à la lutte directe pour le socialisme. Mais pour amoindrir les conséquences dévastatrices de la crise de stagnation du capitalisme, il est déjà nécessaire maintenant.

Dans la lutte pour ces revendications, nous aspirons à obtenir à chaque fois l’unité la plus large des organisations ouvrières et de gauche, indépendamment des divergences éventuelles sur d’autres questions.

I. Travail et salaire, la lutte contre le chômage de masse

  1. L’échelle mobile des salaires, c’est à dire une adaptation régulière, automatique des salaires à l’inflation ;
  2. Le même salaire pour le même travail, pour les femmes et les hommes, pour les Allemands et les immigrés, dans l’Ouest de l’Allemagne comme dans l’Est ;
  3. L’introduction par loi d’un salaire minimum de 1 600 € ;
  4. Expropriation des de toutes les entreprises, qui tout en ayant des chiffres comptables positifs licencient des travailleurs pour pouvoir augmenter leurs profits ;
  5. A bas l’Agenda 2010 et tous les lois Hartz[1] ;
  6. Diminution du temps de travail jusqu’à ce que ceux qui peuvent et veulent travailler aient un travail (échelle mobile des heures de travail);
  7. Un plan d’Etat pour la ré-industrialisation des nouveaux Länder[2];
  8. Une augmentation substantielle des moyens financiers de l’Etat pour la création d’emplois publics utiles (dans les services publics, dans la protection de l’environnement, l’éducation, la culture, l’entretien de monuments) avec un salaire égal à ceux obtenus par les syndicats lors des négociations professionnelles et/ou interprofessionnelles ;
  9. La démocratisation des syndicats par leurs adhérents, parce que les syndicats doivent redevenir les véritables représentants des intérêts de la classe ouvrière ;
  10. Contrôle ouvrier sur la production et les décisions d’investissements ;
  11. Etatisation sous contrôle ouvrier des grandes banques privées, pré-condition à une transformation sociale et écologique du mode de production.

II. Santé publique, politique sociale, retraites : Pas de commerce avec notre santé !

  1. La nationalisation du secteur des services de la santé et l’introduction dans tous le pays de polycliniques (centres de santé);
  2. L’expropriation de l’industrie pharmaceutique;
  3. L’introduction immédiate d’une assurance civile ainsi que la nationalisation de secteur des assurances, car la véritable cause de la crise de système d’assurance sociale est le chômage de masse. Aussi longtemps que celui-ci n’a pas été résolu, il faudra faire appel à tous les types de revenus pour financer, de manière progressive, la santé publique, les retraites et les soins.
  4. Des habitations sûres, saines et aux loyers abordables pour tous.

III. Protection de l’environnement, politique en matière des transports, politique énergétique

  1. Introduction d’un contrôle public sur tous les nouveaux produits pour vérifier leur compatibilité avec l’environnement;
  2. Interdiction de toute manipulation génétique des produits alimentaires;
  3. Interdiction de la technologie du clonage et des changements génétiques à espèce humaine;
  4. Priorité aux énergies renouvelables, nationalisation du secteur énergétique ainsi que l’abolition des subventions énergétique pour l’industrie lourde;
  5. Transports publics de banlieue gratuits et financés par les impôts, comme le début d’une transformation écologique des transports;
  6. La remise sur le réseau des voies ferrées et sur celui des voies navigables existants du transport des marchandises par une subvention maximale et par l’allégement des taxes ainsi que par la diminution des vols aériens pour des courtes distances.

IV. Egalité de droits, intégration, droits civiques

  1. La stricte application du principe de l’égalité pour tous, indépendamment du sexe, de la préférence sexuelle, de la race, religion ou nationalité;
  2. L’abolition de tous les services secrets, de la police politique ainsi que le BKA et le BGS[3], parce que les libertés démocratiques ne peuvent être défendues que par des moyens démocratiques. Justification : en ce qui concerne les délits politiques, le parquet et la police dispose déjà de moyens bien suffisants, de formations spéciales en vue de réprimer l’opposition politique sont anti-démocratique et peuvent, comme le démontrent toutes les expériences historiques, se rendre facilement indépendantes et se tourner contre la démocratie;
  3. L’abolition de toutes les lois d’exception et d’état d’urgence;
  4. L’abolition de toutes les restrictions des droits civiques appliquées depuis le 11/9/2001, car la marche vers l’Etat de surveillance totale doit être arrêtée;
  5. L’abolition des lois spécifiques concernant les immigrés ainsi que le rétablissement total du droit d’asile, le droit de vote pour tous les habitants qui résident depuis un an en Allemagne.

V. Politique et idéologie

  1. L’accès à tous les moyens de communication électronique de masse pour tous les groupes sociaux;
  2. L’abolition de la clause de 5 % aux élections, car la protection des minorités est le principe de base même de toute démocratie;
  3. La lutte, financée par des moyens publics, contre toutes les idéologies arriérées, spécialement le racisme, le fascisme et le chauvinisme ainsi que tous les irrationalismes;
  4. La religion est une affaire privée. C’est la raison pour laquelle nous exigeons la séparation stricte entre l’Etat et la religion, par exemple en abolissant les privilèges des grandes églises chrétiennes, l’abolition de la perception par l'Etat des impôts des églises et l’abolition des cours de religion dans les écoles.

VI. Education et formation

  1. Des crèches et des jardins d’enfants gratuits;
  2. L’abolition de l’école avec trois options différentes[4] au profit d’une seule école de formation générale et polytechnique (ou une école de formation unique) accompagné d’une diminution du nombre d’élèves à maximum 15 par classe;
  3. Une bourse d’études, indépendant des parents et permettant de vivre, pour toutes les formes d’éducation, car c’est le seul moyen de briser les privilèges dans le secteur de l’éducation supérieure et assurer un choix professionnel libre.

VII. La politique étrangère et sécuritaire/ internationalisme

  1. La sortie immédiate de l’OTAN et le retrait de toutes les troupes étrangères de la République Fédérale d’Allemagne;
  2. L’interdiction des missions à l’étranger de la Bundeswehr (l’armée allemande), la transformation de la Bundeswehr en une armée d’appelés avec impossibilité structurelle de mener une guerre offensive. C’est seulement de cette manière (par ex. l’abolition des moyens aériens stratégiques, la transformation de la marine de haute mer en une flottille de garde-côtes) que l’on rendra toute intervention militaire à l’étranger impossible. Cela signalera à nos voisins notre volonté de maintenir la paix, tout en constituant une dissuasion suffisante vis-à-vis de n’importe quel agresseur potentiel. Cela permettra en même temps d’économiser des moyens financiers considérables, qui devrait être utilisés à 50 % pour la protection civile et la protection contre des catastrophes et pour l’autre moitié pour les besoins sociaux de la population;
  3. Le respect, par toutes les puissances nucléaires, de l’obligation de désarmement inscrit dans le traité d’interdiction des armes nucléaires (jusqu’à leur abolition);
  4. Une interdiction pour la totalité du secteur privé d’exporter des armes;
  5. L’introduction de la collaboration démocratique des soldats en matière de la planifications des missions et l’organisation du service militaire;
  6. L’interdiction de l’utilisation des forces armées à l’intérieur du pays, sauf en cas de catastrophes et en cas de défense;
  7. L’étatisation de l’industrie d’armement et spatiale;
  8. L’introduction d’un guide de conduite en matière de politique étrangère à travers lequel seront réalisés la paix, le désarmement et l’égalité en matière de relations internationales;
  9. La sortie de l’Union européenne, car, en tant qu’alliance des classes dirigeantes européennes, celle-ci est un projet anti-émancipateur. Seule une alliance internationaliste des masses travailleuses peut réaliser ses espoirs pour une Europe unie, en paix et socialement équitable.
  10. Le soutien à toutes les mesures progressistes et anti-impérialistes prises par les gouvernements du « Tiers Monde ». Des relations commerciales correctes pour Cuba ! Boycott de l’embargo US !

[1]

Les lois Hartz : est une réforme de la sécurité sociale et des allocations de chômage introduit par la dernière coalition gouvernementale entre le SPD social démocrate et les Verts. La coalition actuelle continue cette politique.

[2]

Les nouveaux Länder ; c’est ainsi qu’on nomme en Allemagne les « provinces » qui avant leur rattachement à l’Allemagne de l’Ouest formaient la République Démocratique d’Allemagne, càd l’Allemagne de l’Est.

[3]

BKA : abréviation de Bundeskriminalamt: appareil de sécurité d’Etat qui est chargeé de la lutte contre les crimes très lourds, la sécurité etc.. et BGS : abréviation de Bundesgrenzschütz càd des policiers dont la charge est de protéger les frontières. Ce dernier corps de police a reçu une formation para-militaire et constituent de fait une armée de réserve.

[4]

Dans les écoles secondaires d’Europe de l’Ouest (de 12 à 18 ans), les élèves ont la possibilité de choisir différentes options qui dès le départ vont influencer leur futur développement intellectuel et carrière professionnelle. La plupart de ces choix dépendent du milieu social de l’élève.